
Quentin Dupieux frappe fort une fois de plus avec son dernier film, "Le Deuxième Acte", présenté en ouverture du Festival de Cannes 2024. Dans cette œuvre mi-décalée mi-grinçante, le réalisateur démantèle les rouages du star-système, offrant une critique acerbe et hilarante de l'industrie cinématographique sur fond de science fiction où un film est dirigé par l'intelligence artificielle.
Le casting réunit quatre acteurs jouant leurs propres caricatures. Léa Seydoux, Vincent Lindon, Louis Garrel et Raphaël Quenard se prêtent avec brio à ce jeu de miroirs où la frontière entre la réalité et la fiction devient de plus en plus floue. La révélation est le comédien Manuel Guillot, sorti sur casting et dont la simple évocation du personnage vous en dirait trop sur le film.
L'histoire se déroule sur une route de campagne, où quatre personnages se retrouvent pour un déjeuner en apparence banal. Mais très vite, les masques tombent, révélant des stars en plein tournage d'un film contrôlé par une IA. Les égos surdimensionnés se livrent alors à une joute verbale savoureuse, oscillant entre mesquineries et démonstrations de force, dans un ballet absurde et jubilatoire.
Dupieux, maître de l'absurde et de la métanarration, pousse les limites du réel et de la fiction, interrogeant avec finesse la frontière entre la vie et le cinéma illustrée par cette scéne où le personnage de Vincent Lindon se maquille et se costume après le tournage. À travers des dialogues ciselés et une mise en abyme millimétrée, il nous plonge dans un univers où l'artiste se confond avec son œuvre, où la réalité se fond dans la fiction.