Un trio d'actrices pour un combat intime
Le cinéma français nous offre avec "Des jours meilleurs" une œuvre rare qui aborde frontalement un sujet encore tabou : l'alcoolisme féminin. Porté par un trio d'actrices remarquables - Valérie Bonneton, Sabrina Ouazani et Michèle Laroque - ce film suit le parcours de femmes confrontées à leurs démons intérieurs et (plus ou moins) déterminées à s'en libérer.
L'histoire suit Suzanne (Valérie Bonneton), une mère de trois enfants qui, après avoir mis ses enfants en danger lors d'un accident lié à sa consommation d'alcool, se retrouve contrainte d'intégrer un centre spécialisé. C'est là qu'elle rencontre Alice (Sabrina Ouazani) et Diane (Michèle Laroque), deux femmes également aux prises avec cette dépendance. Ensemble, elles vont tisser des liens qui les aideront à affronter leur addiction et à entreprendre un chemin vers la guérison, symbolisé par leur participation à un rallye dans le désert marocain, coachées par Denis (Clovis Cornillac).
Une approche documentaire
La force de "Des jours meilleurs" réside dans son traitement quasi documentaire du sujet. La caméra filme avec authenticité le quotidien de ces femmes confrontées à l'abstinence, aux rechutes et à la culpabilité. Mais le film refuse de les réduire à leur dépendance, préférant les montrer dans toute leur complexité humaine.
Pour garantir cette authenticité, les réalisateurs ont travaillé en étroite collaboration avec Laurence Cottet, une ancienne alcoolique qui a aussi partagé son expérience avec les actrices. Son témoignage a permis d'ancrer le film dans une réalité tangible et d'éviter les fausses notes qui auraient pu desservir le propos.
Entre émotion et humour, un équilibre salvateur
Si le sujet est grave, "Des jours meilleurs" réussit le tour de force d'introduire des moments d'humour qui permettent de respirer et d'éviter la surcharge émotionnelle. Cette alternance entre scènes poignantes et légèreté donne au film sa dimension profondément humaine et accessible.
Le désert marocain, cadre du rallye auquel participent les trois protagonistes, devient quant à lui un puissant symbole de leur métamorphose intérieure. C'est dans cet espace à la fois hostile et grandiose que l'effort physique rencontre le travail intérieur de guérison, et offre aux personnages - comme aux spectateurs - une véritable bouffée d'espoir.
Un film qui libère la parole
Au-delà de ses qualités cinématographiques, "Des jours meilleurs" porte un message important : encourager les femmes qui souffrent en silence à sortir de l'ombre et à entamer un parcours de soins. En donnant une visibilité à cette addiction souvent cachée et stigmatisée, particulièrement chez les femmes, le film contribue à libérer la parole autour d'un sujet de santé publique majeur.
Sans tomber dans le pathos ni dans les simplifications abusives, ce film nous rappelle que des jours meilleurs sont possibles, même après des années d'addiction. Une œuvre nécessaire, portée par des interprétations d'une justesse rare, à découvrir dans les salles.
Titre : Des jours meilleurs
Réalisation : Elsa Bennett et Hippolyte Dard
Avec : Valérie Bonneton, Sabrina Ouazani, Michèle Laroque
Genre : Drame, Comédie
Durée : 1h45
Sortie nationale : 24 avril 2025
Distributeur Wild Bunch Distribution