la réalisatrice Amélie Bonnin sublime la mélancolie dans "Partir un jour"

04 juin 2025
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Amélie Bonnin est entrée dans l’histoire du Festival de Cannes 2025 en devenant la quatrième réalisatrice à ouvrir la prestigieuse cérémonie avec son premier long métrage, Partir un jour. Un film doux-amer porté par Juliette Armanet, qui fait la part belle aux chansons qui surgissent dans le film comme dans la vie, sans prévenir.


Une annonce inattendue pour une ouverture historique

Minuit passé le 9 avril 2025, veille de la conférence de presse cannoise : Amélie Bonnin décroche un appel improbable. Ses producteurs lui annoncent que Partir un jour fera l’ouverture du Festival de Cannes. Sidération, émotion, joie – une surprise totale pour la cinéaste et son coauteur Dimitri Lucas, tant cette possibilité ne leur avait même pas effleuré l’esprit.


Une fiction enracinée dans le vécu

Tiré de son court métrage éponyme couronné d’un César, Partir un jour raconte le retour à la maison natale de Cécile, incarnée par Juliette Armanet, star de Top Chef sur le point d’ouvrir son restaurant à Paris. Quand son père (interprété par François Rollin) est victime d’un infarctus, elle retourne dans sa bourgade de Perthes (Haute-Marne) où l’attendent souvenirs, amis d’enfance, secrets et interrogations existentielles.


Une comédie chantante

Ce film regroupe bon nombre d'extraits de chansons françaises emblématiques chantées par les comédiens en live – Mourir sur scène, Femme Like U, Sensualité – intégrées subtilement dans une mise en scène intime. Les séquences chantées, intégrées au récit à la manière de Mamma Mia, traduisent les émotions sans surjouer la performance. Le tout est filmé à l’épaule, pour capter l’imperfection des personnages et l’intensité du moment. Des chansons n'ont pu être utilisées pour des questions de droits comme "foule sentimentale" d'Alain Souchon et "week-end à Rome" d'Etienne Daho.


Une alchimie retrouvée sur la glace

L’une des scènes clés se déroule sur une patinoire, lieu de retrouvailles entre les personnages joués par Juliette Armanet et Bastien Bouillon. Pour ces scènes de glisse, la réalisatrice a collaboré avec Gabriella Papadakis, championne olympique même si Juliette Armanet avait déjà pratiqué en sport-études. Plus que la virtuosité, ce sont les regards et les gestes simples qui comptent. « La complicité a rejailli d’un coup », se souvient Amélie Bonnin. Cette dernière ne s'attendait pas à l'attachement du public pour le personnage de Nathalie, la compagne de Raphaël incarnée par Amandine Dewasmes qui a su apporter à un rôle à priori ingrat une épaisseur et une humanité remarquables.


Une révélation musicale et cinématographique

C’est sans doute la plus belle surprise du film : Juliette Armanet, déjà chanteuse accomplie, y révèle un jeu d’actrice d’une grande sensibilité. Sa reprise finale du tube Partir un jour des 2Be3 laisse une empreinte durable, tout comme sa sincérité à l’écran.


Cannes, le glamour en surface, la cinéphilie en interne

« De l’extérieur, je voyais surtout le glamour, les robes », avoue Amélie Bonnin. « Mais Cannes, c’est aussi 3 ou 4 films par jour, des rencontres, une envie de faire encore. » Un baptême du feu transformé en déclaration d’amour au cinéma.