au 24 novembre 2026 à 23h00
Site Marais, 5 rue Perrée
75003, Paris
Festival Chéries-Chéris 2025 : le palmarès complet de la 31e édition à Paris
Onze jours de projections, plus de cent cinquante films LGBTQIA+ venus du monde entier, trois cinémas parisiens et un palmarès qui dessine déjà une future playlist de coups de cœur. Le Festival du film LGBTQIA+ Chéries-Chéris, de retour à Paris du 15 au 25 novembre 2025, vient de dévoiler les lauréats de sa 31e édition. La Radio du Cinéma vous propose un tour d’horizon clair, pratique et cinéphile pour repérer les films à suivre, en salle comme dans les programmations à venir.
De Cactus Pears à Rodéo sauvage, en passant par le western queer poétique de Le mystérieux regard du flamant rose ou le documentaire hospitalier de GEN_, ce palmarès compose une sorte de bande originale de l’année queer au cinéma. À vous de choisir vos séances, vos futures plateformes de visionnage… et vos prochains chocs d’images.
Un festival LGBTQIA+ qui fait rayonner Paris
Le festival Chéries-Chéris est aujourd’hui l’un des rendez-vous majeurs du cinéma LGBTQIA+ en Europe. Créé en 1994, il se déroule chaque année à Paris, en novembre, et met en avant fictions, documentaires et courts métrages qui racontent les vies lesbiennes, gaies, bi, trans, queers et +++ dans toute leur diversité.
Pour cette 31e édition, la manifestation s’installe à nouveau dans trois salles du réseau MK2 : le MK2 Beaubourg (3e arrondissement), le MK2 Bibliothèque (13e) et le MK2 Quai de Seine (19e). Au programme : des avant-premières très attendues, des séances en présence des équipes, des rencontres et une compétition structurée en trois grands blocs : longs métrages de fiction, documentaires, et courts métrages, auxquels s’ajoute le Prix Libertés Chéries.
La promesse de Chéries-Chéris reste claire : proposer un panorama international du cinéma queer contemporain et offrir un écrin de salles à des œuvres qui circulent parfois difficilement en dehors des festivals. La Radio du Cinéma se glisse ici dans la peau d’un·e programmateur·rice bienveillant·e : pas de notes, pas de verdict, seulement des clés pour que chaque film trouve son public.
Longs métrages : un Grand Prix venu d’Inde et des imaginaires queer puissants
Grand Prix – CACTUS PEARS de Rohan Kanawade (Inde)
Le Grand Prix des longs métrages récompense Cactus Pears, signé par le cinéaste indien Rohan Parashuram Kanawade. Le film suit Anand, trentenaire citadin, rappelé dans son village natal pour un rituel de deuil, qui retrouve Balya, ami d’enfance resté au pays. Sur fond de paysages du Maharashtra, ce récit de retour au village esquisse une histoire d’amour masculine délicate, empreinte de non-dits, de regards et de gestes à peine esquissés.
Pour les spectateurs et spectatrices qui aiment les chroniques intimistes, les rythmes contemplatifs et les grands espaces filmés comme des refuges intérieurs, Cactus Pears s’impose comme un futur classique de cinéma d’auteur queer indien. Côté bande-son, on pense à ces partitions élégantes, un peu mélancoliques, qui accompagnent les grands récits d’initiation, de Call Me by Your Name à certaines œuvres indépendantes indiennes récentes.
Prix du Jury – BOUCHRA de Orian Barki & Meriem Bennani (Italie, Maroc, États-Unis)
Le Prix du Jury salue Bouchra, premier long métrage animé en 3D d’Orian Barki et Meriem Bennani. On y suit une cinéaste queer marocaine installée à New York, paralysée par la peur de la page blanche et par un dialogue complexe avec sa mère restée à Casablanca. Animation, archives, appels téléphoniques et voix réelles des proches composent un collage très libre, à la fois intime et ludique.
Si vous avez un faible pour les expériences visuelles inventives, les hybridations documentaires-fiction et les récits de diaspora queer, Bouchra sera sans doute un film à guetter dans les festivals et, espérons-le, sur les plateformes spécialisées en cinéma d’auteur.
Prix d’interprétation collectif – LE MYSTÉRIEUX REGARD DU FLAMANT ROSE de Diego Céspedes (Chili)
Le Prix d’interprétation collectif récompense toute la troupe de Le mystérieux regard du flamant rose, premier long métrage du Chilien Diego Céspedes, déjà remarqué avec son court Les Créatures qui fondent au soleil. Dans un cabaret queer installé aux abords d’une ville minière, au début des années 1980, une communauté de personnages trans, gays, travestis et allié·es doit affronter l’irruption d’une maladie entourée de fantasmes et de peur.
Le film joue avec les codes du western, du conte cruel et du drame familial choisi. Les fans de grandes fresques chorales, avec casting marquant et ambiance musicale très présente, y retrouveront ce goût de cinéma ample qui rappelle les musiques de western modernes autant que certains mélodrames signés Almodóvar.
Documentaires : corps, droits et identités en mouvement
Grand Prix Documentaire – GEN_ de Gianluca Matarrese (France, Italie, Suisse)
Dans GEN_, le documentariste Gianluca Matarrese suit le Dr Maurizio Bini dans un hôpital public de Milan, au sein d’un service qui accompagne à la fois des parcours de PMA et des patient·es trans en quête d’adéquation entre genre assigné et identité de genre. Le film observe, avec une vraie attention aux corps et aux mots, comment médecine, droit et éthique se frottent aux réalités vécues.
Pour le public curieux des enjeux contemporains autour de la transidentité, de la parentalité et de l’accès aux soins, GEN_ offre un regard rare sur un service hospitalier qui tente de réduire, très concrètement, la souffrance de ses patient·es. Le documentaire s’annonce comme une future référence pour les ciné-débats et les séances en présence de professionnels de santé.
Prix du Jury Documentaire – ÂME DU DÉSERT de Mónica Taboada-Tapia (Brésil, Colombie)
Avec Âme du désert, la réalisatrice colombienne Mónica Taboada-Tapia suit Georgina, femme trans de la communauté indigène Wayuu, qui se bat pour obtenir des papiers à son nom et pouvoir voter. À l’approche de ses soixante-dix ans, de retour dans sa région natale de la Guajira, elle affronte la famille, l’administration et les conséquences de la pauvreté et de l’exploitation minière.
Le film a déjà été distingué à la Mostra de Venise par le Queer Lion, ce qui confirme son potentiel de diffusion internationale. Les spectateurs et spectatrices sensibles aux grands portraits documentaires, aux paysages puissants et aux récits de lutte concrète pour les droits vont y trouver une œuvre forte, propice aux discussions en salle comme aux programmations de festivals engagés.
Courts métrages : nouveaux récits queer en format compact
Grand Prix Courts métrages – HONEYMOON d’Alkis Papastathopoulos (Grèce, France, Chypre)
Côté courts, le Grand Prix distingue Honeymoon, du cinéaste grec Alkis Papastathopoulos. Le film suit Fay et Sandra, deux femmes trans, durant un trajet en bus à travers la Grèce, après une violente altercation avec la police. Une nouvelle agression transphobe les laisse sur le bord de la route, l’occasion pour les deux amies de partager peurs, désirs et confidences.
Déjà sélectionné et primé dans plusieurs festivals internationaux de courts métrages, Honeymoon fonctionne comme un concentré de road movie queer : durée ramassée, tension très forte, mais aussi grande douceur dans le lien qui unit les protagonistes. Parfait pour les spectateurs qui aiment les séances de courts à la fois politiques et sensibles.
Prix du Jury Courts métrages – HI MOM, IT’S ME, LOU LOU de Atakan Yilmaz (Turquie)
Le Prix du Jury revient à Hi Mom, It’s Me, Lou Lou, de Atakan Yilmaz. Le film suit Hakkı, artiste drag queen à Istanbul, qui retourne dans sa ville natale après la mort de sa mère, dans une famille qui ignore tout de son orientation sexuelle. Le récit joue autant sur le deuil que sur la confrontation avec les attentes familiales autour du « fils unique ».
Ce court métrage devrait particulièrement toucher les spectateurs pour qui la drag culture est aussi un espace de réparation et de réinvention de soi. On imagine déjà ce film programmé aux côtés de documentaires et fictions autour des scènes drag contemporaines, avec des playlists très colorées à la clé.
Prix spécial du Jury – QUELQU’UN DE SPÉCIAL de Alice Gervat (France)
Le Prix spécial du Jury salue Quelqu’un de spécial, court métrage d’animation de la Française Alice Gervat. Lisa y prépare un rendez-vous avec Xuân, rencontrée via une application de rencontre. Problème : Lisa a prétendu parler vietnamien, langue qu’elle ne maîtrise pas du tout. Il lui reste quelques jours pour tenter d’apprendre réellement la langue ou affronter la vérité.
L’animation permet ici de traiter avec humour et tendresse les questions de langue d’origine, de communauté et de sentiment de légitimité. Idéal pour un public jeune adulte, curieux des formes animées queer, mais aussi pour les séances scolaires axées sur les identités multiples.
Prix Libertés Chéries : « Rodéo sauvage », western queer et communautés choisies
Prix Libertés Chéries – RODÉO SAUVAGE (NATIONAL ANTHEM) de Luke Gilford (États-Unis)
Le Prix Libertés Chéries, qui distingue une œuvre aux enjeux politiques et de droits humains forts, est remis à Rodéo sauvage (National Anthem) de Luke Gilford. Le film accompagne Dylan, jeune homme isolé du Nouveau-Mexique, qui décroche un emploi dans un ranch animé par une communauté de performeur·euses queer du rodéo. Ce nouvel environnement lui ouvre un espace pour se réinventer, notamment grâce à sa rencontre avec Sky, charismatique cavalière spécialiste de la course de barils.
Tourné dans les paysages du Sud-Ouest américain, avec une esthétique qui n’est pas sans évoquer certains grands westerns modernes, Rodéo sauvage propose une relecture queer des mythologies du rodéo et du cowboy solitaire. Les spectateurs et spectatrices amateur·rices de grands espaces, de musique country revisitée et de récits de communautés choisies y trouveront un film à la fois accessible et chargé d’une vraie douceur politique.
Comment voir ces films après le festival ?
Comme souvent pour les palmarès de festivals, la circulation des films varie : certains longs métrages de Chéries-Chéris 2025 disposent déjà de distributeurs français ou internationaux, d’autres entament leur tournée de festivals, et plusieurs courts métrages circulent via des plateformes dédiées au court (sélections en ligne, catalogues de vente internationaux, programmes de festivals partenaires).
Pour suivre l’actualité de chaque titre, quelques bons réflexes :
- consulter régulièrement le site officiel de Chéries-Chéris (rubrique archives et fiches films) ;
- surveiller les fiches des films sur des bases comme Unifrance, IMDb ou les sites de distributeurs français spécialisés ;
- garder un œil sur les programmations des cinémas d’art et essai et sur les festivals queer en France et en Europe.
La Radio du Cinéma continuera à relayer les sorties, avant-premières et projections spéciales des films lauréats dans son agenda, en bande-son et, qui sait, autour d’émissions spéciales dédiées à ce palmarès 2025.