Festival Jeunesse en Court : Zulma Rouge revient avec "Le Syndrome" et préside le jury

20 mai 2025
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Villeneuve-lès-Maguelone. 13-15 juin 2025. Le Festival Jeunesse en Court revient pour une 4ᵉ édition qui ne cède rien à la complaisance. À sa tête côté jury pro : Zulma Rouge. Réalisatrice au profil atypique qui nous a accordé une interview à un mois de l'évènement. Passée de la régie au scénario, elle entend défendre un cinéma où l’émotion ne s’oppose jamais à la rigueur. Décryptage d’une parole de cinéaste qui ne joue pas la carte de l’académie.

Zulma Rouge : anatomie d’un regard pluriel Chez Zulma Rouge, la cinéphilie ne se résume pas à une filmographie de référence. Elle est vécue, transmise, pratiquée. Avant de tenir une caméra, elle a tenu un perche, un clap, parfois même une réplique. « J’ai besoin de comprendre chaque rouage pour pouvoir exiger l’excellence sans arrogance », dit-elle. Pas de surplomb théorique ici : son approche du plateau se veut horizontale, faite de gestes concrets et de reconnaissance mutuelle.

Pourquoi le format court reste un champ de bataille Le court métrage, souvent relégué au rang d’exercice de style, est pour elle un espace politique. « On n’a pas d’argent, donc on invente », résume-t-elle. C’est aussi un espace de solitude : « Personne ne vous attend, et c’est une chance ». Une lucidité sans plainte, qui rappelle que créer, c’est aussi se heurter. Super Thérapie et sa participation remarquée au Nikon Film Festival en témoignent : ici, l’urgence n’est pas un obstacle, mais une grammaire.

"Le Syndrome" : rire, tendresse et relecture du quotidien En 2024, Le Syndrome décroche le Grand Prix du festival "jeunesse en court". Un court adapté d’un sketch de Sarah Suco et Joffrey Platel, dont elle fait un objet filmique à part entière. La matière comique y devient prétexte à révéler une humanité fragile. « Ce film a marqué un moment dans ma vie. Et surtout dans celle des comédiens », précise-t-elle. Car pour Zulma Rouge, la réussite est toujours collective.

Présider, oui, mais regarder autrement Choisie par Stéphan Philippot pour présider le jury professionnel, elle compte prendre ce rôle à bras-le-corps. Pas question de juger vite. « Je cherche la cohérence, l’intention, la vérité. Un film peut être imparfait, mais s’il me saisit, il a déjà gagné », explique-t-elle. Elle insiste aussi sur le rôle de la musique et du son : « La bande-son n’est pas une décoration. C’est une respiration ». Une déclaration qui en dit long sur sa conception immersive du cinéma. Le prix de la meilleur bande-son sera, pour la seconde année, attribué par Patrice Caillet de la Radio du cinéma.

Un long métrage en gestation : écrire dans la continuité, pas dans la rupture Le passage au long métrage est en route. Avec une co-scénariste et une production qui la suit, elle écrit. Lentement, mais sûrement. « Je veux que ce soit un prolongement, pas un changement de peau ». Le format s’allonge, mais l’exigence reste la même. Une fidélité de ton et d’équipe qui défie les cycles de séduction du milieu.

Pourquoi Jeunesse en Court reste une anomalie nécessaire Ni gala parisien, ni foire au pitch, le Festival Jeunesse en Court revendique son ancrage local et sa mission artistique. Programmation exigeante, bande-son mise en avant, absence de formalisme creux : ici, on regarde, on discute, on découvre. Et pour Zulma Rouge, c’est tout sauf un détail : Le cinéma, c’est d’abord ça.

Infos pratiques Festival Jeunesse en Court — 4ᵉ édition - Villeneuve-lès-Maguelone, Hérault - Du 13 au 15 juin 2025 - Compétitions, projections, rencontres - jeunesse-en-court.wixsite.com/jeunesse-en-court

Trois jours pour (re)découvrir le court métrage comme une forme d’avant-garde sensible, entre le collectif et l’intime.